En France, les premières victimes de la précarité sont les femmes. Elles représentent 62 % des personnes payées au smic et 70% des bénéficiaires des banques alimentaires. Dans un contexte de hausse de l’inflation, de crise du pouvoir d’achat et du logement, les difficultés rencontrées par les femmes risquent de s’exacerber. La hausse du coût de la vie a des conséquences très concrètes quand on a un bas salaire : ce sont des privations d’abord sur des plaisirs simples et ensuite sur des besoins essentiels comme l’alimentation ou le chauffage.
Cette paupérisation des femmes inquiète le réseau des CIDFF qui accompagnent près de 100 000 femmes par an, et travaillent chaque jour à leurs côtés pour défendre et renforcer leur autonomie.
Les femmes occupent huit emplois à temps partiel sur dix. Un temps partiel bien souvent subi qui contribue à créer des inégalités de salaire, renforce la précarité et alimente la ségrégation entre les métiers à prédominance féminine et ceux à prédominance masculine. Carrières davantage hachées, contrats plus précaires, rémunérations plus faibles : les inégalités auxquelles font face les femmes dans le monde du travail se répercutent ensuite sur leurs pensions de retraite, plus faibles que celles des hommes et véritables miroir grossissant des inégalités salariales qu’elles subissent tout au long de leur vie professionnelle.
Aux inégalités du monde du travail se cumulent les inégalités persistantes du travail domestique, gratuit et invisible. Aller chercher les enfants à l’école, prendre rendez-vous chez le médecin, s’occuper des lessives… tant de tâches qui sont encore aujourd’hui majoritairement prises en charge par les femmes. Les femmes consacrent en moyenne 3 heures 26 par jour aux tâches domestiques, contre 2 heures pour les hommes. On estime que l’arrivée d’un enfant ajoute 5 heures de travail à une femme et qu’une mère fournit deux fois plus de travail domestique qu’un père. Les femmes demeurent la variable d’ajustement gratuite des politiques publiques en matière de parentalité. Cette absence de mesures sociales dédiées, qui pèse sur la vie professionnelle des femmes, doit cesser.
Dans ce contexte économique et social, ce sont les mères isolées qui payent le prix le plus fort. Selon l’Insee, en France, une famille sur quatre est monoparentale. Dans 82 % des cas, il s’agit d’une femme seule. Plus d’un tiers de ces familles vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Ces familles, très dépendantes des aides sociales, sont aussi les premières victimes du mal-logement, avec des conséquences dramatiques pour les enfants.
Ces constats sont terribles mais les solutions existent.
Pour que la parentalité et la monoparentalité ne soient plus le premier frein à l’emploi des femmes, nous demandons la mise en œuvre de politiques publiques ambitieuses pour l’exercice d’une parentalité égalitaire, parmi lesquelles le développement des modes de garde et la création d’un véritable service public de la petite enfance, le renforcement des aides sociales pour les mères isolées en situation de pauvreté, et la mise en place d’un congé parental égalitaire et dignement rémunéré. Pour que celles qui choisissent d’être mères le soient dans des conditions dignes.
Alors que les mouvements conservateurs prospèrent en Europe et dans le monde, nous rappelons le droit fondamental des femmes à disposer de leurs propres corps et qu’elles sont libres de leurs choix. Nous demandons l’inscription du droit à l’IVG dans la constitution pour que plus jamais une femme ne meure des suites d’un avortement réalisé dans des conditions indignes. La société française est prête, plus de 80% des personnes interrogées y sont favorables. Ce doit fondamental doit être rendu effectif sur l’ensemble du territoire à toutes celles qui souhaiteraient y recourir.
6 ans après #MeToo, il nous faut continuer le combat contre les violences sexistes et sexuelles et leur impunité. Alors que moins d’1% des viols sont condamnés, et tandis que la France semble traverser son second #MeToo, nous appelons à une redéfinition pénale du viol intégrant la notion de consentement ainsi que la prise en charge des parcours de soin en psycho trauma pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. Pour lutter contre le sexisme à sa racine et prévenir les violences sexuelles et sexistes, nous demandons la mise en œuvre ambitieuse et effective de la loi de 2001 sur l’éducation à la vie affective et sexuelle.
Nous appelons donc à rejoindre la manifestation du 8 mars, portée par l’inter-orga Grève Féministe. Le 8 mars, les CIDFF manifesteront pour les droits des femmes et pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes.