À Lorient, l’Écoutille accueille, accompagne et informe les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Géré par le CIDFF du Morbihan, cet espace favorise l’écoute des femmes et de leur parcours tout en leur proposant des ressources adaptées à leur situation.
Corinne, victime de violences de la part son ex conjoint est accompagnée à l’Écoutille depuis un an. Depuis son arrivée au CIDFF, elle est accompagnée par une juriste vers la séparation. Si l’accompagnement juridique lui permet d’avancer dans ses démarches pour accéder à ses droits, les conseils prodigués lui ont également permis de mieux comprendre sa situation et de trouver un espace libre de parole.
Elle partage son expérience et son parcours avec nous dans un cours entretien.
Je m’appelle Corinne. J’ai 50 ans et je travaille dans les écoles. J’ai 3 enfants : un garçon de 25 ans, un autre garçon de 23 ans et une fille qui va avoir 18 ans.
Quand je me suis installée ici, je cherchais du travail et une personne s’occupait de moi dans cette recherche. On a créé des liens forts avec cette personne parce que ça fait 10 ans qu’on se connaît. Elle connaissait mes problèmes personnels et familiaux et elle m’a parlé de cette association.
Ça fait depuis le début de l’année 2024. Je viens régulièrement, environ tous les 15 jours/3 semaines. Je vois toujours la même personne.
L’accompagnement, c’est au sujet de mes soucis familiaux, enfin surtout personnels avec mon conjoint. On est en séparation et c’est très compliqué parce que c’est quelqu’un qui a eu de gros soucis d’alcool.
Il a dans le passé, et en même temps c’est pas si vieux que ça… été violent physiquement avec mes enfants quand ils étaient petits et avec moi aussi. J’ai et je subis, avec mes enfants que j’inclus dedans, depuis une trentaine d’année des violences psychologiques au quotidien.
Oui, on m’a donné beaucoup de conseils. J’ai pu rencontrer une juriste parce qu’on doit aller au tribunal bientôt, à la fin du mois par rapport à la pension alimentaire de ma dernière fille qui va avoir 18 ans. Du coup, la juriste a pu prendre contact avec mon avocate pour que mes problèmes avec mon ex conjoint puissent être pris en compte au moment de l’audience. J’ai aussi pu rencontrer une gendarme qui vient régulièrement à l’Écoutille.
Depuis le début l’accompagnement m’aide beaucoup psychologiquement. La première fois que j’ai expliqué ma situation avec mon conjoint, on m’a montré un violentomètre et on m’a expliqué que j’étais dans un cercle de violences.
On a toujours l’impression que c’est dans notre tête, que les gens ne comprennent pas ce que l’on vit. Je me suis finalement aperçue que je n’étais pas toute seule.
Pas du tout. J’en avais besoin Je n’avais aucun accompagnement avant, j’en avais seulement parlé à mon médecin traitant mais je ne sais pas s’il a pris en compte toutes ces choses. Il me disait qu’il aurait fallu que je porte plainte, m’a demandé pourquoi je ne l’avais pas fait. C’est pas facile de parler à un médecin, d’autant que c’est un homme alors j’ai eu du mal à me confier.
Puis dans ma famille, les gens ne comprennent pas. Ce que j’expliquais justement à l’Écoutille c’est que j’ai une maman qui en fin de compte est complètement dans le déni de ce genre de choses. Elle est pas du tout ouverte. Après, c’est aussi une question de génération. Alors l’Écoutille m’a permis de trouver un espace de parole.
Je suis venue parce que je suis tombée sur une personne qui m’a vraiment conseillée et ça m’a fait un bien fou. Je pense que ça ne peut être que positif, ça peut aider beaucoup de gens. On rencontre des personnes qui ne sont pas là pour nous juger, qui font preuve de bienveillance et d’empathie, qui sont à l’écoute. Je suis une personne qui ne va pas vers les autres et ça m’a fait un bien fou.
J’attends que ça aboutisse en fin de compte à cette séparation. Je sais que jusqu’au bout je vais être suivie jusqu’à ce que ma situation se débloque. Tout a été mis en place. La maison a été mise en vente, mais voilà, je suis tombée sur une personne qui ne veut pas la vendre. C’est bloqué pour l’instant parce que le contexte actuel n’est pas réjouissant mais je sais que je vais être accompagnée.