Qui était Jeanne Chauvin ?

Le 26 mai prochain, la Fédération nationale des CIDFF lance l’Observatoire Jeanne Chauvin. Sa mission ? Produire des études pour renforcer les recherches sur les droits des femmes et visibiliser les connaissances produites sur les femmes dans les domaines d’activité des CIDFF.

C’est Jeanne Chauvin, première femme avocate à plaider en France, qui représentera l’Observatoire. Son combat pour l’accès des femmes à toutes les professions, notamment juridiques, est particulièrement cher aux CIDFF. Grande figure du droit français, son histoire reste pourtant encore largement méconnue.

Qui était Jeanne Chauvin ?

Fille d’un notaire puis orpheline dès l’âge de seize ans, Jeanne Chauvin obtient deux baccalauréats, en Lettres et en Sciences, et deux licences, en Philosophie et en Droit en 1890, devenant ainsi la deuxième femme de France titulaire d’un diplôme dans le domaine juridique. Elle consacre son doctorat en droit à l’Étude historique des professions accessibles aux femmes. Elle y affirme notamment que l’influence de la Bible et de la religion catholique ont accru les inégalités juridiques entre hommes et femmes.

Souhaitant dévouer sa carrière à revendiquer l’égalité pour la femme à la fois dans le domaine de l’éducation que dans l’accession aux professions privées et publiques, elle demande dès 1893 aux parlementaires qu’il soit accordé à la femme mariée le droit d’être témoin tant dans les actes publics ou privés et que soit reconnue la capacité des femmes mariées à disposer des produits de leurs industries personnelles ou de leur travail.

Dès 1897, Jeanne Chauvin se présente à la Cour d’appel de Paris pour prêter serment en tant qu’avocate. Mais cela lui est rapidement refusé car la loi n’autorise alors pas les femmes à exercer la profession d’avocat, exclusivement masculine.

Ne pouvant pas exercer en tant qu’avocate, Jeanne Chauvin se tourne vers l’enseignement. Elle dispense des cours de droits dans des lycées pour jeunes filles et poursuit son combat à travers des écrits militant dans des revues féministes.

Ce n’est que trois ans plus tard, grâce à la loi de 1900 qui autorise les femmes à plaider (qu’elle a contribué à obtenir avec l’aide de son frère, avocat) que Jeanne Chauvin prêtera serment comme avocate au barreau de Paris. Première femme à plaider comme avocate en France en 1901, c’est grâce à son combat que les femmes ont pu accéder au Barreau considéré, jusqu’en 1900, comme un “exercice viril”.

Jeanne Chauvin laisse derrière elle un héritage considérable. Par son courage et sa détermination, elle a ouvert des portes qui étaient jusqu’alors fermées aux femmes.